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Aidants : « Accepter de lâcher prise, c’est compliqué »

Publié le 11 avril 2023
Une personne âgée n’a pas besoin de son aidant tout le temps. Comment lâcher prise et accepter soi-même de l’aide ? Pourquoi et comment envisager la vie d’après ? Les conseils d’Hélène Rossinot, médecin, autrice et spécialiste des aidants.

Hélène Rossinot est médecin de santé publique, spécialiste des aidants, elle a écrit « Aidants, ces invisibles » (2019) et « Être présent pour ses parents » (2022).

Quelles situations peuvent nécessiter qu’un aidant soit moins présent ?

Il arrive que la personne dont on s’occupe soit hospitalisée ou accueillie en hôpital de jour. Son état de santé peut aussi s’améliorer ou nécessiter que l’aidant laisse sa place à des professionnels. Il arrive que les proches aidants aient du mal à accepter d’être moins présents, de confier leur parent. Même quand les équipes sont formées et ont l’habitude d’une pathologie en particulier, comme dans le cas de la maladie d’Alzheimer, par exemple. Il y a une difficulté à lâcher prise et l’adaptation est parfois plus difficile pour l’aidant et la famille que pour la personne aidée. Confier son proche malade à quelqu’un d’autre, c’est perdre le peu de contrôle que l’on a parfois sur une situation déjà compliquée à gérer. On peut avoir besoin d’aide, mais avoir du mal à accepter que d’autres s’en mêlent, à ne plus être le seul à lutter contre la maladie ou la perte d’autonomie. On peut se dire que les autres feront moins bien que nous.

Pourquoi est-ce parfois compliqué pour un aidant de lâcher prise ?

Tout le monde n’agit et ne réagit pas de la même manière. Certains vont tout faire en fonction de leur élan naturel à aller vers l’autre, à prendre soin de lui et se concentrer sur le relationnel avec leur proche. Ils vont tout contrôler, n’en parleront pas forcément autour d’eux, ne demanderont pas toujours d’aide ou se débrouilleront seuls la plupart du temps. D’autres vont le faire parce que c’est ce que l’on attend d’eux. Cela ne veut pas dire que les motivations ne sont pas les bonnes ou qu’une attitude vis-à-vis de ce statut d’aidant est plus acceptable qu’une autre. Elles sont simplement différentes. Il y a beaucoup de discussions entre aidants, par exemple sur les réseaux sociaux, sur cette dette envers nos parents qui nous ont élevés et à qui on doit bien cela. La notion de devoir à accomplir est très présente. Sauf que beaucoup de choses entrent en jeu dans la relation de l’aidant avec son proche et dans sa manière de la vivre, entre son éducation et ses valeurs, la nature de sa relation avec la personne aidée avant sa dépendance, son passé...

Quels sont les risques d’un quotidien trop investi dans l’aide apportée ?

Quand l’aide apportée est la principale occupation et donne un sens à sa vie (je suis important pour quelqu’un), cela ne doit pas nous couper du reste du monde. Je sais que les aidants font ce qu’ils peuvent, mais il faut garder dans un coin de sa tête l’idée qu’il existe un autre monde dont il ne faut pas trop se couper. On dit beaucoup aux aidants de ne pas s’oublier, de penser à eux. Demander de l’aide ou prendre soin de soi, rompre l’isolement, cela s’apprend. Cela peut signifier prendre le temps de lire ou d’écouter de la musique 15 minutes dans la journée, continuer à voir ses amis. Il y a plein de petites choses que l’on peut faire pour garder le contact avec soi et avec le monde extérieur. Cela permet de se préparer aussi à la vie d’après, quand la personne aidée ne sera plus là.

Quand la personne aidée s’en va, vous dites que le deuil est double, pourquoi ?

C’est un sujet assez tabou dont on parle peu. Le deuil est double parce qu’on perd à la fois son proche et tout ce qu’on avait construit autour. Quand on est dans un combat comme avec la maladie, les contacts avec celles et ceux qui vivaient des choses similaires ou gravitaient autour de notre proche et nous se rompent. L’aidant s’est investi, il a tout donné, souvent jusqu’à l’épuisement et quand tout s’arrête, c’est très compliqué. Le deuil est encore plus solitaire quand on a été aidant. Les routines qu’on avait mises en place, les personnes qu’on côtoyait, avec le soutien que cela apportait, tout s’arrête. Il y a le vide créé par l’absence de la personne et le vide de l’action : je n’aide plus mon proche, je ne suis plus utile à quelqu’un de manière aussi forte. Penser au deuil d’un proche est extrêmement compliqué, mais s’imaginer quel sera notre quotidien quand cela arrivera, permet de comprendre aussi que toute notre vie ne peut pas tourner uniquement autour de la personne aidée. Qu’il faut accepter de lâcher prise et d’oser demander du soutien.

Pour aller plus loin et trouver de l’aide :

Les plateformes d’accompagnement et de répit.

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